Comment être plus juste en intégrant nos biais cognitifs ?

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“Ce grand monde, c’est le miroir où il nous faut regarder pour nous connaître de bon biais.”

Montaigne

Le biais cognitif est un mécanisme de pensée à l’origine d’une altération du jugement. Le biais influence nos choix, en particulier lorsqu’il nous faut gérer une importante quantité d’informations ou que le temps est limité. Il en résulte une forme de dysfonctionnement dans le raisonnement et donc dans la prise de décision.

Pour passer à l’action ou donner un sens à un événement, le cerveau va utiliser des croyances souvent inconscientes. Le risque de décision erronée devient alors important. Ce mécanisme est systématique. Autrement dit, pour un individu donné, telle situation entraînera tel biais cognitif. Toutefois, en être conscient permet de le diminuer et donc d’exercer un certain libre arbitre.

La théorie des biais cognitifs a été développée au début des années 70 par les psychologues Amos Tversky et Daniel Kahneman qui cherchaient à justifier la prise de décision irrationnelle dans le domaine économique.

On recense plus de 250 biais cognitifs, dont les principaux sont les suivants :

  • Biais sensori-moteurs (illusions liées aux sens et à la motricité)
  • Biais attentionnels ou biais d’attention (problèmes d’attention)
  • Biais mnésique (en rapport avec la mémoire)
  • Biais de jugement (déformation de la capacité de juger)
  • Biais de raisonnement (paradoxes dans le raisonnement)
  • Biais liés à la personnalité (en rapport avec la culture, la langue, l’influence sociale…)

La fonction première des biais cognitifs est de permettre à notre cerveau d’économiser du temps ou de l’énergie. Ils nous aident principalement à :

  • éviter un trop plein d’informations en les filtrant,
  • construire du sens à partir des morceaux d’informations qui nous parviennent,
  • réagir rapidement en prenant des décisions en une fraction de seconde,
  • faciliter le processus de mémorisation en se rappelant des parties les plus importantes et utiles des informations que nous recevons.

Je vous propose de vous amuser à tester vos associations implicites d’après une étude d’Harvard démontrant les divergences entre nos pensées conscientes et inconscientes, c’est à dire entre nos biais et la conscience que nous avons d’eux !

Nous avons le pouvoir de choisir

Connaître sa vulnérabilité aux biais est le meilleur moyen de d’être davantage maître de ses choix et décisions.  Je vous renvoie à l’article du Monde “16 biais qui empêchent de se connaître et de faire les bons choix” afin d’identifier vos principaux risques en rapport avec vos challenges actuels. En ce qui me concerne, j’ai choisi de me concentrer depuis le début d’année sur le n° 10 qui est “Accorder plus de valeur à ce qui nous est familier”. Pour cela je lis et j’écoute des opinions différentes des miennes avec une certaine ouverture d’esprit, je prends davantage le temps d’observer avant d’avancer, je mets l’accent sur de nouveaux paradigmes…

Notre filtre mental est un système de classement inconscient et involontaire qui se superpose à notre vision du monde pour associer nos nouvelles expériences aux anciennes afin de renforcer les enseignements qu’on en a précédemment tirés. Conscientiser ses biais, notamment ceux issus d’expériences dont nous avons tiré des croyances et des conclusions hâtives, permet d’agir en étant responsable de ses choix, de ses décisions et de ses valeurs. De nombreux adages ne sont que des biais : ”je ne crois que ce que je vois “ en est un des plus populaires.

Nos biais sont liés à nos croyances et peuvent se renforcer avec nos messages contraignants. A titre d’exemple, je peux vous parler d’une expérience que j’ai récemment vécue. Je viens de travailler en EMDR un “trauma” qui résultait d’un harcèlement subi durant ma scolarité, au collège. J’en ai tiré 2 croyances : que je ne savais pas demander de l’aide et qu‘il fallait que je sois toujours fort car sinon je risquais le pire. Autant ma croyance de ne pas savoir demander de l’aide a explosé depuis bien longtemps, autant ma stratégie de “sois fort” est restée très ancrée et m’a permis de réussir de nombreux challenges via mon guerrier intérieur. Cependant je reste vigilant à ne pas surutiliser cet archétype et à le tempérer avec notamment l’alchimiste ou l’artiste qui sont en moi.

Faire la part des choses

De quelle façon nos biais agissent-ils sur nous concernant le patronyme ou le prénom d’un partenaire professionnel ? Et de manière plus large sur la façon qu’il a de se comporter, sa tenue vestimentaire… En résumé, quels jugements nos biais font-ils peser sur notre première impression ?

Dans l’entreprise nous devons être particulièrement vigilants aux critères que nous prenons en compte lors du choix de nos collaborateurs ou à l’occasion d’ interactions avec nos pairs ou nos clients. Certains  critères comme l’expérience peuvent être justifiés dans le cadre d’un recrutement. Ils peuvent également être totalement arbitraires et discriminatoires avec le nom, le sexe, la culture, la religion, et parfois même le diplôme !…

Dans cette continuité, il est important de ne pas croire tout ce qu’on se raconte à soi-même. Vendredi dernier en fin de journée, j’ai reçu un mail très sec de la part d’un client me fixant un rdv téléphonique pour lundi au sujet d’une mission sensible dans laquelle je suis particulièrement impliqué. Ce client est connu pour avoir une communication parfois agressive et j’ai donc anticipé un recadrage brutal pendant tout le week-end. En fin de compte, le call du lundi a été très constructif et j’ai pris conscience que mon cerveau m’avait spontanément envoyé un message de méfiance en utilisant une de mes croyances subjectives au sujet de mon client.

En conclusion

Nous n’avons pas les moyens d’identifier tous les processus cognitifs qui influencent notre jugement et personne ne peut ‘‘échapper’’ à ses propres biais cognitifs. Nous pouvons en revanche conscientiser certains d’entre eux et les diminuer. Et pour se faire il peut être nécessaire de renforcer les règles de diversité dans son équipe et de se réinventer régulièrement en modifiant ses croyances, en analysant le contexte, l’environnement, et surtout en adaptant et en conscientisant nos croyances aux objectifs que nous nous sommes fixés !

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