Développer ses intelligences pour réussir dans un monde complexe
« L’imagination aide beaucoup l’intelligence »
Bossuet
Fractionner la notion d’intelligence en plusieurs facettes, chacune mieux adaptée aux situations rencontrées, serait plus cohérent que de considérer l’intelligence comme une mesure des aptitudes par le test du Q.I. Tel est l’avis à ce jour de nombreux psychologues, chercheurs et essayistes.
Ainsi, selon le psychologue américain du développement Howard Gardner, la mission de l’école devrait être le développement de toutes les formes d’intelligences. Pour le français Laurent Alexandre, énarque, chirurgien et entrepreneur (fondateur du site Doctissimo), ce sont les neurologues qui, dès 2030, seront habilités à former nos jeunes enfants car ils sont les seuls à comprendre et à objectiver par des études la capacité des enfants à apprendre et à devenir plus intelligents.
Quant à Sir Ken Robinson, expert anglais en éducation, internationalement reconnu pour ses interventions en faveur du développement de la créativité et de l’innovation, il fait l’éloge de la créativité dans les approches éducatives et suggère qu’il existe différentes manières de faire preuve d’intelligence (voir vidéo avec graphisme TED Talks).
C’est quoi l’intelligence ou les intelligences ?
Définition selon Howard Gardner : « la capacité à résoudre des problèmes ou à produire des biens ayant une valeur dans un contexte culturel ou collectif précis”.
Cet éminent psychologue mène depuis 30 ans des recherches sur l’intelligence et a élaboré dans les années 1980 une théorie des intelligences multiples, au nombre de 8 selon lui, qui servent de référence autant dans le champ de l’éducation que de la formation permanente. Il considère même ajouter une nouvelle intelligence autour de la spiritualité, de l’existentialisme.
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- L’intelligence verbale / linguistique : celle du communicant qui parle facilement et que l’on écoute avec intérêt.
- L’intelligence visuelle / spatiale : c’est la capacité à créer des images mentales et à percevoir le monde visible avec précision dans ses trois dimensions. On la retrouve chez ceux qui font appel au mind mapping, au flow chart, chez les graphistes et les concepteurs 3D.
- L’intelligence musicale / rythmique : c’est la capacité à être sensible aux structures rythmiques et musicales. On pourra l’identifier chez un manager sensible au son de la voix et à son rythme, chez celui capable de saisir facilement les accents d’une langue étrangère. Le manager sera ainsi capable d’utiliser la modulation de la fréquence de sa voix pour mieux se faire entendre et mieux faire passer l’information.
- L’intelligence logique / mathématique : c’est la capacité à calculer, à tenir un raisonnement logique, à ordonner le monde. C’est l’intelligence qui a été décrite avec beaucoup de soin et de détails par Piaget en tant que « l’intelligence ». Elle est particulièrement développée par les études STEM (acronyme de science, technology, engineering, and mathematics) et donc très présente en France.
- L’intelligence corporelle / kinesthésique : c’est la capacité à utiliser son corps d’une manière fine et élaborée, à s’exprimer à travers le mouvement, d’être habile avec les objets. C’est facilement identifiable chez ceux qui prennent soin de leur énergie et de leur équilibre de vie, qui ont une activité sportive de haut niveau. Elle se travaille très bien avec le temps.
- L’intelligence intrapersonnelle : c’est la capacité à avoir une bonne connaissance de soi qui est particulièrement développée chez les écrivains, les « sages », les philosophes et les mystiques. Un manager doté de cette intelligence aura une bonne connaissance de ses forces et de ses faiblesses, de ses valeurs et de ses capacités, il saura se motiver personnellement.
- L’intelligence interpersonnelle : c’est la capacité à entrer en relation avec les autres tels les politiciens, les enseignants et les formateurs, les consultants et les conseillers, les vendeurs.
- L’intelligence (du) naturaliste : elle a été rajoutée aux sept précédentes par Howard Gardner en 1996. C’est la capacité à reconnaître et à classer, à identifier les formes et les structures dans la nature par ceux qui s’intéressent à son fonctionnement, du biologiste au psychologue, du sociologue à l’astronome. Du côté du manager, cela peut se traduire par une capacité analytique à organiser des données, à sélectionner/regrouper, à faire des listes, mais aussi par une bonne conscience des facteurs sociaux, psychologiques et humains.
En réflexion : l’intelligence existentielle / spirituelle. A noter que Howard Gardner qualifiait cette intelligence de « huitième et demi » car il ne la considère pas comme une intelligence à part entière. Il s’agit de l’intelligence des penseurs profonds et des philosophes. Elle pousse les gens à remettre en question l’existence elle-même. Elle se définit par l’aptitude à se questionner sur le sens et l’origine des choses.
La nouvelle intelligence qui crée la polémique est bien-sûr l’IA, Intelligence Artificielle, qui va peu à peu bousculer nos habitudes comme l’ordinateur l’a déjà fait en modifiant notre relation à la mémoire.
Faut-il en avoir peur ? Toute la Silicon Valley n’est pas béate d’admiration devant les prouesses de l’IA. Même au sein de Google, elle n’est qu’une technologie parmi d’autres, susceptible de nous aider dans des opérations complexes.
En revanche, pour le visionnaire Elon Musk, Fondateur de SpaceX, PDG de Tesla Motors, inventeur de l’Hyperloop, l’IA représente « le plus grand risque que court notre civilisation ». Et pour contrer ce risque, il a lancé Neuralink, une entreprise destinée à augmenter nos capacités cérébrales grâce à des… composants électroniques !
Selon le Dr Laurent Alexandre « On fantasme sur une intelligence artificielle forte, ayant conscience d’elle-même, hostile et ayant des émotions propres, (…) et on ne s’occupe pas du vrai problème ». Le « vrai danger » selon lui ? « C’est que des intelligences artificielles faibles sans conscience d’elles-mêmes soient capables de faire de mieux en mieux des tâches humaines ».
En bref, la société de demain est celle des individus assumant leurs multiples intelligences qui vont leur permettre de travailler “en toute intelligence” avec l’IA.
Suite la semaine prochaine !