Choisir ses racines

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“Chacun a son monde, le tout est de planter ses racines dans la terre qui nous convient.”

Marc Levy

Dans un environnement actuel lié à la mondialisation il devient extrêmement facile de voyager, que ce soit pour ses loisirs ou pour se délocaliser. De fait, les grandes entreprises qui cherchent à s’étendre à l’international demandent à leurs leaders d’être aussi globaux qu’elles. A trop bouger, certains peuvent alors facilement avoir le sentiment de perdre leurs racines, de ne plus vraiment se sentir chez eux nulle part. Nos racines sont extrêmement importantes puisqu’elles sont à la base de notre construction et représentent une immense source d’énergie. Elles sont souvent perçues comme un acquis intangible, un passé qu’on ne peut modifier et qui détermine nos choix de vie car nous les cantonnons souvent à notre lieu de naissance, à celui où nous avons grandi ainsi qu’à notre histoire familiale. Or, ce qui constitue nos racines est bien plus vaste ! Il s’agit de tous les événements marquants de notre vie et tout ce qui peut nous faire nous sentir «chez nous », que ce soit un lieu, une ambiance ou une relation humaine. Ainsi je me souviens que pendant mes études à Supélec, j’ai entendu plusieurs de mes camarades dire « Je me sens plus chez moi ici que là où je suis né ». Un centre d’intérêt et des objectifs communs sont en général bien plus fédérateurs que le simple fait d’avoir usé ses fonds de culotte sur les bancs de l’école avec ses copains d’enfance. Et c’est là l’important : nous pouvons choisir nos racines !

1. SE CRÉER DE NOUVELLES RACINES

L’endroit où nous sommes nés et notre histoire familiale constituent notre identité dans les premiers temps de notre vie. Nous faisons ensuite nos propres choix qui peuvent nous détacher de nos premiers ancrages. Notre sentiment d’appartenance à un lieu ou à un groupe dépend de nos valeurs. Pour ma part, je me sentirais totalement étranger et déconnecté dans l’environnement de Frank Underwood, politicien interprété par Kevin Spacey dans la série House of Cards, prêt à tout pour parvenir à ses fins !

Ancrer ses valeurs dans un nouveau lieu permet de se l’approprier et de le faire entrer dans son histoire personnelle. C’est le choix que j’ai fait il y a près de 20 ans en devenant l’heureux propriétaire d’une maison en Provence. Lyonnais de naissance, j’ai passé presque toutes mes vacances chez ma grand-mère à Chamonix et c’est tout naturellement dans les Alpes que j’ai d’abord prospecté. Mais je me suis rapidement rendu compte que ces racines-là ne jouaient plus un rôle important dans la manière dont je me définissais. J’en ai donc planté de nouvelles dans un lieu qui correspond davantage à ma nouvelle identité, un lieu où je peux régénérer mon énergie quand j’en ai besoin. Je n’ai pas pour autant abandonné mes premières racines montagnardes mais je les ai transformé : l’alpinisme à Chamonix s’est transformé en varappe en Provence ! Créer de nouvelles racines ne veut pas dire rejeter les anciennes.  Une étude de Yih-teen Lee de l’université de Navarre a montré que les expatriés qui s’identifient autant à leur culture d’origine qu’à celle de leur nouveau lieu de vie sont bien plus performants que ceux qui ne gardent qu’une seule culture ou se sentent détachés des deux.

2. INTÉGRER LE STORYTELLING POUR SE TRANSFORMER

Nos vies sont faites d’événements marquants qui nous poussent à faire des choix. Nous choisissons de voir ces événements comme « meaningful » et de les inclure dans notre storytelling pour expliquer d’où nous venons et où nous allons. Ils font partie de nos racines et nous donnent l’énergie d’effectuer des transformations importantes dans notre vie. Par exemple, c’est la naissance de ma fille aînée qui m’a poussé à quitter mon poste de trader et à changer de carrière.

Mais encore une fois, ces racines ne sont pas immuables et nous pouvons choisir de nous concentrer sur tel événement plutôt que sur tel autre, voire de changer notre histoire au fur et à mesure si elle ne nous correspond plus.

Choisir quelles racines nous allons intégrer dans notre storytelling personnel sera significatif, qu’il s’agisse de convaincre un tiers ou soi-même de notre valeur particulière. En effet, la mémoire est dynamique et se réorganise régulièrement en fonction de nos expériences et des histoires que nous nous racontons, en particulier pendant notre période de sommeil paradoxal. Il nous appartient de ne pas être prisonnier de souvenirs dont certains sont probablement faux (Milan Kundera Le livre du rire et de l’oubli). Nous avons parfois tendance à idéaliser ou à ne garder que les bons (ou mauvais) souvenirs… et il est fascinant de voir à quel point on oublie les souvenirs d’une naissance compliquée au fur et à mesure que son enfant grandit et ce, fort heureusement !

3. TROUVER SES SUCCESS STORIES À FORT POTENTIEL D’IDENTIFICATION

De nombreuses études l’ont montré : notre cerveau répond beaucoup mieux à une histoire racontée qu’à des statistiques ou des exposés rationnels. Il est donc aussi important de choisir et développer sa propre histoire que d’écouter celle des autres pour se nourrir. Plus les personnages d’une histoire nous sont proches, plus il sera facile de s’identifier à eux.

Étudier son arbre généalogique pour choisir ses rôles modèles et leur demander de nous raconter leur histoire peut nous aider à découvrir des talents que nous possédons sans en avoir pleinement conscience. Pour ma part, j’ai choisi un de mes aïeux, mon arrière arrière grand père, pour sa prise de risque et sa rupture avec son environnement. Il a quitté la ferme familiale du Beaujolais pour tenter sa chance à Lyon et son histoire m’a inspiré lorsque j’ai quitté Lyon pour tenter l’aventure à Paris, puis New York et Londres !
Cependant, si vous avez le ressenti d’une histoire familiale complexe qui vous tire en arrière et vous empêche d’avancer, n’hésitez pas à faire votre génogramme avec l’aide d’un thérapeute ou d’un coach. Il est parfois nécessaire de se séparer de certaines influences familiales pour ne garder que celles qui nous sont bénéfiques. C’est ce qu’on appelle “le remembrement” ou regroupement en pratique narrative.

4. DÉVELOPPER SA VISION

Avoir un cap est le meilleur moyen de naviguer lorsque l’environnement est compliqué, tous les navigateurs le savent. Mettre une trinquette pour avancer, quitte à louvoyer est clé pour sortir de situations complexes.

Je vous propose de nourrir votre vision personnelle et professionnelle en dessinant votre propre arbre de vie : c’est un exercice que je réalise régulièrement  car il permet de faire le lien entre nos réussites-clés du passé, nos valeurs (dans le sens “ce dont j’ai besoin de mon environnement pour être excellent”), nos talents et nos désirs/rêves. C’est un moyen très rapide de visualiser son parcours professionnel qui ainsi prend du sens et permet de se projeter dans un avenir motivant !

De même, il est très efficace de s’identifier à des rôles modèles de personnes qui vivent très bien leur vieillesse ou qui se sont renouvelées régulièrement comme Karl Lagerfeld, Charlie Chaplin ou Louis de Funès qui sont de magnifiques exemples  !

CONCLUSION

Choisir ses racines est d’abord un choix conscient en fonction de son environnement et de ses objectifs de vie. Guider sa mémoire, nourrir ses identités, renouer avec son passé pour bâtir son avenir permet de créer de nouvelles fondations en accord avec la personne que l’on est aujourd’hui et d’accompagner le changement vers les nouveaux objectifs que l’on se fixe.

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