« La chose la plus importante en communication, c’est d’entendre ce qui n’est pas dit. »
Peter Drucker
On peut définir l’intelligence relationnelle comme la capacité à développer des relations constructives ou harmonieuses avec les autres, capacité qui est plus ou moins naturelle chez l’individu. C’est une compétence très liée à notre intelligence émotionnelle. Elle nous permet de savoir comment gérer les conflits mais aussi les fluctuations d’une relation ainsi que de savoir doser le bon niveau d’émotionnel dans une relation professionnelle.
Daniel Goleman, psychologue américain connu pour ses travaux sur l’intelligence émotionnelle, s’est interrogé sur ce qui est à l’œuvre lorsque nous établissons des relations avec les autres, sur ce qu’il se passe sur le plan biologique lorsque nous développons des liens. Il en est ressorti que nos relations avec les autres, aussi bien personnelles que professionnelles, sont bénéfiques pour notre bien-être et notre santé tant au niveau physique que psychique.
L’intelligence relationnelle s’apprend
L’intelligence relationnelle est un ensemble de compétences qui s’acquièrent. Elle se cultive à travers des auto-questionnements et des débriefs à propos de nos relations qui fonctionnent bien et sur celles qui ne marchent pas.
Tout commence par une meilleure connaissance de soi
La première question à se poser est : “comment est-ce que je qualifie ma relation à moi-même ?” A savoir, est-elle bonne, quelle est l’image que j’ai de moi, quelle image ai-je de ma capacité à nommer et à identifier mes émotions ?
Hier, au cours d’une séance de coaching d’un client qui redoute de quitter son job dans la finance pour aller vers un nouveau challenge, nous avons fait le point sur ses peurs rationnelles (prise de risque pour sa famille, financières, sociales…) et celles plus irrationnelles, que j’appelle les peurs racket et qui cachent souvent nos envies non assumées (aller découvrir du nouveau, assumer sa fibre créative, s’engager dans un nouveau cycle de vie…).
Il est intéressant de noter que toutes les projections que nous faisons sur nous-même rejaillissent sur les autres : qui n’a pas entendu un de ses collègues critiquer ouvertement un de ses pairs alors qu’il est lui-même particulièrement critiquable sur ce sujet ? Dont acte…
Comment je construis ma relation à l’autre
La seconde étape est de s’interroger sur les relations que l’on entretient avec les autres, en particulier sur notre capacité à créer des liens professionnels avec les personnes avec lesquelles nous avons moins d’affect. Pour cela nous devons régulièrement nous interroger sur les talents de l’autre : quels sont les deux ou trois talents que je reconnais chez mon interlocuteur et comment créer du lien entre ses talents et les miens ? Ensuite, nos talents de persévérance, d’adaptation, de prise de recul et bien sur de focalisation sur le deal ou la problématique (en externalisant le problème de la personne) entreront en action pour nous aider à trouver le le bon niveau de relation afin d’atteindre l’objectif commun.
J’écoute comment raisonne en moi ce que l’autre fait, ou ne fait pas
Le concept de résonance (venant de la Gestalt) est un concept systémique et circulaire : systémique car il renforce notre lien avec le système, le contexte, notre environnement, et circulaire car il vient renforcer nos croyances et nos valeurs.
Par exemple le mouvement des gilets jaunes crée en chacun de nous une ou des résonances autour de l’empathie ou au contraire du rejet en fonction de nos croyances et de nos ressentis vis à vis de la violence ou de la solidarité.
En bref, l’intelligence relationnelle est notre capacité à faire des aller-retours réguliers entre nos besoins et ceux de notre interlocuteur, en trouvant le bon canal de communication permettant d’échanger de l’information et en étant capable de mettre en place le niveau de confiance adapté.
Empathie ou théorie de l’esprit ?
Nous avons deux moyens de renforcer notre intelligence relationnelle qui sont l’empathie et notre capacité à comprendre et prédire les comportements des autres (appelée théorie de l’esprit en sciences cognitives).
Concernant l’empathie, il est important de trouver le juste niveau d’empathie qui est la capacité à ressentir et à comprendre ce que ressent autrui sans confusion avec soi-même, le manque ou le trop d’empathie biaisant complètement la relation. En coaching, savoir se protéger du trop plein d’émotions est essentiel tant pour accompagner son client que pour prendre les bonnes décisions.
Cette seconde capacité est notre manière de lire, “profiler” notre interlocuteur et faire la différence entre ce que la personne dit et ce qu’elle pense ou ressent, entre réalité et apparence (faux self). Cette capacité joue un rôle primordial dans les interactions sociales — communication, collaboration, enseignement, compétition. Elle permet de « lire entre les lignes », qualité très présente chez la plupart des dirigeants.
Les deux sont en nous mais pas dans la même proportion pour chacun d’entre nous. Également, les zones du cerveau qui sont mobilisées sont différentes : Cortex préfrontal médian, pôles temporaux, sulcus temporal supérieur et jonction temporo-pariétale pour la théorie de l’esprit, tandis que l’empathie mobilise le cortex cingulaire antérieur, l’insula antérieure et le cortex somatosensoriel secondaire.
Fondamental en gestion de crise
En gestion de crise, être « émotionnellement intelligent » c’est savoir dissocier l’émotion -souvent la colère- de ce nos actes, de nos paroles et de nos écrits. Une fois la crise gérée nous pouvons alors sereinement nous orienter vers la « confrontation constructive » en challengeant notre interlocuteur et en exprimant nos besoins.
On pourrait cantonner l’intelligence relationnelle à de bonnes relations avec les autres, mais, dans dans le cadre de la relation professionnelle, structurer une bonne relation ne suffit pas. Avec le développement de L’IA, tout ce qui concerne la partie technique du travail va être déléguée à des ordinateurs, et même le coaching sera concerné à plus ou moins long terme. Notre job de coach ou de manager sera alors d’aider nos clients ou managés à accompagner ce que l’IA conseille, c’est à dire à trouver les mots justes pour qu’ils acceptent les remarques ou conseils de l’IA.
Préalable à l’intelligence collective
Aujourd’hui on parle beaucoup d’intelligence collective, mais on oublie souvent de dire qu’il y a un préalable : un minimum d’intelligence émotionnelle de la part de chacun des protagonistes. Pour que cela fonctionne, il est essentiel que chacun soit en lien avec ses propres besoins et sache formuler ses demandes, sache dire non en étant capable d’entendre un non à son tour, et bien sûr sache mettre son ego de côté.
De même transformer sa compétence de bulldozer, de Leader impulseur en une énergie d’intelligence collective c’est à dire de partenaire, de réseauteur et de storyteller sont des compétences clés pour devenir un maître de l’influence.
Voici quelques pistes concrètes pour accroître votre intelligence relationnelle en renforçant votre savoir-être et en développant quelques compétences-clés :
- développer vos écoutes en dissociant ce que vous voyez de ce que vous entendez et de ce que vous ressentez lorsque votre interlocuteur vous parle
- séparer vos ressentis de vos interprétations
- intégrer vos interprétations comme une possibilité à valider
- développer une communication positive inclusive
- mettre en cohérence votre image personnelle et professionnelle avec vos objectifs professionnels
- renforcer votre cohérence personnelle en ajustant vos postures et vos expressions en fonction des situations
- faire valoir votre point de vue et l’argumenter tout en respectant celui de vos interlocuteurs.