« Les rapports hommes/femmes : désironie contre virillusion »
Grégoire Lacroix
La polémique suite à l’histoire Weinstein puis à l’écriture inclusive a renforcé ma conviction de coach sur l’importance de la montée en puissance des femmes dans les postes de dirigeants, tant dans la politique que dans les entreprises. De plus, étant papa de deux filles dont l’une est une jeune médecin, je me sens extrêmement concerné par le sujet. Notre prise de conscience collective et notre capacité à la mettre en oeuvre est fondamentale pour développer ce que la philosophe Pr Dr Monique Castillo appelle la “fécondité subjective”, gage de notre survie face à l’IA.
De fait, l’écriture inclusive, qui n’est d’ailleurs qu’une proposition pour créer le débat, fait la promotion d’un langage incluant les femmes et permet de combattre les stéréotypes sexistes en remaniant l’orthographe. Les deux sexes sont ainsi mis sur un pied d’égalité, “le masculin ne l’emportant plus sur le féminin”, avec pour objectif de mettre un terme à la hiérarchisation des sexes. Ainsi les «droits de l’homme» seraient remplacés par les «droits de la personne» comme cela se pratique déjà au Québec. Cependant, on constate que chez nous, cette nouvelle approche de la sacro-sainte orthographe ne manque pas de heurter les nombreux défenseurs de la langue française « traditionnelle », tels nos vénérables membres de l’Académie Française. Or “la grammaire est politique» !
En tout cas, nombre de mes clients ont fait leur choix et me demandent de plus en plus d’accompagner des femmes ou des personnes issues de minorités pour les aider à monter et donc être plus nombreux.ses à postuler à des postes de dirigeants.
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Diversité pour un équilibre hommes/femmes
« Si Lehman Brothers s’était appelé Lehman Sisters, la banque n’aurait pas fait faillite ». Cette plaisanterie, notamment rapportée par Christine Lagarde, révèle de nouvelles croyances : les femmes seraient de meilleurs leaders et de vrais moteurs pour la croissance des entreprises. Certaines études récentes vont d’ailleurs dans ce sens et en mai 2016, Isabelle Kocher, PDG d’Engie, est devenue la première femme à diriger un groupe du CAC 40. En janvier dernier, Sophie Bellon prenait les rênes de Sodexo.
Deux études récentes révèlent que la féminisation de l’encadrement doperait la performance boursière des entreprises dont elles font partie et les rendrait plus rentables. De fait, les entreprises qui comportent au moins 30% de femmes dans leur corps dirigeant voient leur rentabilité finale augmenter de 6%. Autre constat, les Conseils d’Administration « féminisés » (ayant 3 femmes ou plus en leur sein) appartiennent à des entreprises plus rentables de 3% par rapport à leurs homologues au CA exclusivement masculin… Enfin, une étude Women Equity a montré que les PME dirigées par des femmes ont connu une meilleure croissance sur l’année 2013.
Cependant messieurs, pas de panique ! La motivation des femmes n’est pas de prendre notre place mais de se démarquer par un management valorisant leur polyvalence en menant de front un rôle de femme, une vie de mère et une vie professionnelle. Car ce qui change fondamentalement entre un leader homme et son homologue femme, c’est le rapport au pouvoir ! Il est peut-être temps pour nous, les hommes, de nous inspirer du Yin et du Yang qui expriment la dualité, mais aussi l’harmonie et l’équilibre, pour transformer positivement nos différences et mettre – ou remettre – du féminin dans notre leadership !
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Un plus Une
Le tandem homme-femme fait ses preuves dans l’entreprise comme le souligne une étude britannique publiée dans Scientific Reports démontrant que lorsqu’ils sont confrontés à un problème, ils ne réagissent pas de la même manière, surtout lorsqu’il s’agit de travailler par deux. En moyenne, même si le binôme homme-homme fonctionne mieux que celui femme-femme, le duo mixte se révèle le plus efficace.
Et certains dirigeants masculins montrent particulièrement l’exemple et ne sont pas en reste lorsqu’il s’agit de recruter des femmes dans leurs équipes ainsi que le démontre le « daughter effect ». En effet, on observe que les entreprises dont les dirigeants sont les pères de plus de filles que de garçons ont embauché de manière significative plus de femmes. Notre inconscient nous inciterait donc à notre insu à « favoriser » le sexe le plus présent dans notre écosystème…
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Discrimination positive
A terme, il faudra dépasser la question de la discrimination positive en donnant la possibilité aux hommes d’entrer dans la conversation afin de créer non pas un leadership au féminin, mais de laisser l’opportunité aux femmes de parler et de créer un leadership qui leur est propre.
L’anthropologue Françoise Héritier et l’irlandaise Kate Millett -figure emblématique de la lutte pour le respect de l’égalité hommes/femmes– ont largement contribué à la diffusion des idées sur les fondements de la domination masculine et de la lutte contre les discriminations. Tout au long de leur vie, elles ont eu à cœur de démontrer qu’aucune société humaine ne se contente d’observer les différences entre le masculin et le féminin et que, partout dans le monde, les deux pôles se voient accorder une valeur inégale. Cette tendance spontanée de la pensée à opposer les différences (chaud/froid, clair/sombre, inférieur/supérieur) est pour elles à l’origine de la domination universelle du masculin.
Cependant, il n’y a pas de différence majeure entre les dirigeants hommes et femmes. Leurs traits de personnalité et leur style de leadership sont les mêmes. Le sexe n’est pas une variable pertinente. C’est la conclusion d’une étude effectuée en compilant les résultats de 25 enquêtes européennes et américaines sur les qualités attribuées à 20 000 cadres dirigeants (2/3 d’hommes pour 1/3 de femmes) complétée par une thèse de doctorat française « L’impact du genre sur les traits de personnalité des leaders et les effets sur leur style de leadership ».
Ces résultats remettent en cause l’idée d’un leadership au féminin caractérisé par des compétences présupposées féminines, telles que la bienveillance et l’altruisme, qui conduiraient les femmes à diriger et mener leurs équipes différemment de leurs homologues masculins considérés, eux, comme plus déterminés. Mais à l’heure où le plafond de verre est toujours présent dans les entreprises comme en politique, la question du leadership des hommes et des femmes est centrale : leur présence dans les postes de direction est actuellement mise en avant au nom de compétences spécifiques qu’elles détiendraient alors qu’en réalité les femmes dirigeantes sont donc des leaders comme les autres…
Pour exemple de modèles féminins contemporains en matière de leadership on peut citer Sheryl Sandberg N°2 de Facebook qui dispense, parmi ses conseils en matière de réussite professionnelle, les bienfaits « d’épouser une mec bien », sa consoeur Fidji Simo étoile montante de Facebook qui dirige les pôles vidéos et médias ou bien encore Valérie Accary, présidente de BBDO Paris.
Suite et fin de cet article jeudi prochain.