Aujourd’hui, il est extrêmement facile de voyager, que se soit simplement pour visiter un autre pays ou s’y installer et y travailler. De même, les grandes entreprises cherchent à s’étendre à l’international et demandent à leurs leaders d’être aussi globaux qu’elles. Il peut alors être facile de perdre ses racines, de ne plus vraiment se sentir chez soi nulle part. Or, nos racines sont extrêmement importantes. Elles nous aident à nous construire et sont une immense source d’énergie. On les voit souvent comme un acquis intangible, un passé qu’on ne peut modifier et qui détermine les choix de vie que nous pouvons faire. Et ceci parce que nous les limitons à l’endroit où nous sommes nés ou avons grandis et à notre histoire familiale. Mais ce n’est pas le cas ! Ce qui fait nos racines, ce sont aussi tous les événements marquant de notre vie, et tout ce qui peut nous faire nous sentir « chez nous » quelque part, que ce soit un lieu, une relation ou une ambiance. Pendant mes études à Supelec, j’ai entendu plusieurs de mes camarades dire « je me sens plus chez moi ici que là où je suis né ». Malgré la diversité des étudiants dans les grandes écoles, ils ont souvent plus de choses en communs qu’avec leurs amis d’enfance. Et c’est là l’important : nous pouvons choisir nos racines !
1. Créer de nouvelles racines
L’endroit où nous sommes nés et notre histoire familiale est ce qui nous donne notre identité dans les premiers temps de notre vie. Mais nous faisons ensuite nos propres choix qui peuvent nous détacher de nos premiers ancrages. Comment en créer de nouveaux ? Notre sentiment d’appartenance à un lieu ou un groupe dépend de nos valeurs. Je me sentirais totalement étrangers et déconnectés dans l’environnement de Frank Underwood, prêt à tout pour arriver à ses fins, par exemple. Ancrer nos valeurs dans un nouveau lieu nous permet de nous l’approprier et de le faire entrer dans notre histoire personnelle. C’est ce que j’ai fait, il y a près de 15 ans maintenant, en achetant mon mas près d’Avignon. A l’époque, étant Lyonnais et ayant passé presque toutes mes vacances à Chamonix dans le chalet de ma grand mère, c’est naturellement vers cette ville que ce sont tournées mes recherches. Mais je me suis vite rendu compte que ces racines ne jouaient plus un rôle important dans la manière dont je me définissais. J’en ai donc planté de nouvelles dans un lieu qui me correspond plus. Je continue aujourd’hui à faire évoluer ce mas pour qu’il reste un endroit signifiant pour moi où je peux régénérer mon énergie quand j’en ai besoin. Je n’ai pas pour autant abandonnées mes premières racines, mais je les ai transformé: l’alpinisme à Chamonix est devenu la varappe en Provence ! Créer de nouvelles racines ne signifie pas rejeter les anciennes. En effet, une étude a montré que les expatriés qui s’identifient autant à leur culture d’origine qu’à celle de leurs nouveaux lieux de vie sont bien plus performants que ceux qui ne gardent qu’une seule culture ou se sentent détachés des deux.
2. Intégrer le storytelling pour se transformer
Nos vies sont faites d’événements marquants qui nous poussent à faire des choix particuliers. Nous choisissons de voir ces événements comme « meaningfull » et de les inclure dans notre storytelling pour expliquer d’où nous venons et où l’on va. Ils font partie de nos racines, c’est ce qui nous a donné l’énergie d’effectuer une transformation importante dans notre vie. Par exemple, c’est la naissance de ma fille qui m’a poussé à quitter mon poste de trader et à changer de carrière. Mais encore une fois, ces racines ne sont pas immuables et nous pouvons choisir de nous concentrer sur tel événement plutôt que tel autre, voir de changer notre histoire au fur et à mesure si elle ne nous correspond plus.
Choisir quelles racines nous allons intégrer dans notre storytelling personnel sera signifiant, que ce soit pour convaincre quelqu’un de notre valeur particulière ou pour nous-même. Nous pouvons parfois passer à côté d’un moment important et ne pas percevoir tout son sens parce que nous sommes trop dans l’instant. Lors de la naissance de ma fille j’ai été pris, comme vous pouvez l’imaginer, dans toutes les questions qu’un nouveau parent peut se poser et ce ne fut pas facile de prendre le recul nécessaire pour réfléchir aux implications de cet événement (fabuleux) dans l’ensemble de ma vie personnelle comme professionnelle. Ce n’est qu’en construisant mon storytelling que j’ai pu prendre les décisions qui me correspondaient.
3. Trouver ses success strory à fort potentiel d’identification
De nombreuses études l’ont montré, notre cerveau répond beaucoup mieux à une histoire qu’à des statistiques et exposés rationnels. Il est donc aussi important de choisir et de développer sa propre histoire que d’écouter celles des autres pour se nourrir. Plus les personnages d’une histoire nous sont proches, plus il sera facile de nous identifier à eux.
Étudier notre arbre généalogique pour trouver ceux qui ont réussis et leur demander de nous raconter leur histoire peut nous aider à découvrir des talents que nous possédons aussi sans en avoir toujours pleinement conscience. Pour ma part, j’ai choisi François Gillet, un de mes aïeux. Sa prise de risque, sa rupture avec son environnement, il avait quitté la ferme familiale pour tenter sa chance à Lyon, m’ont inspiré lorsque j’ai quitté Lyon pour Paris puis pour New York !
Nous pouvons aussi nous choisir des role model : des personnes qui poursuivent les mêmes buts que nous et nous correspondent en terme de valeur. Cela peut nous aider à identifier plus clairement les objectifs que nous voulons nous donner.
1 Commentaire. En écrire un nouveau
Merci Gilles pour ce texte inspirant pour moi et mes clients.
En effet, c’est rassurant de considérer que nous pouvons choisir les histoires de nos àïeux qui nous plaisent pour y ancrer notre chemin, parfois travailler sur celles qui nous encombrent est nécessaire pour y arriver de manière durable et tranquille.